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260                 DIGNE ET LES ALPES.

citlà dolente, mais je n'ai pas remarqué sur les figures qu'il y
ait trop de souffrance et d'altération. Probablement que les
niurs tout entiers racontaient aussi aux yeux des chrétiens
ces touchantes histoires, qui devaient émouvoir si puissam-
ment les cœurs. La Révolution a dévasté celte église comme
tant d'autres, plus précieuses certainement. Le badigeonnage
s'en est mêlé, et le temps ferait le reste, si Notre-Dame n'avait
mérité d'être portée sur la liste des monuments à la restaura-
tion et au maintien desquels on a promis de veiller. Le cime-
tière de la ville, cimetière étroit et mesquin, reçoit à la porte
de Notre-Dame les descendants de ceux qui prièrent dans
cette église. Entre la montagne et l'église on a placé un novi-
ciat de religieuses de la Sainte-Enfance; ce sont de jeunes
institutrices qui se vouent à l'éducation des filles du peuple.
   L'église de Notre-Dame rappelle un des plus grands noms
qui aient honoré la science et la religion. Gassendi fut prévôt
de Notre-Dame, et Digne est fière de son Gassendi. Le nom
de cet homme, qui fut tout à la fois mathématicien et natura-
liste, antiquaire et théologien, historien et littérateur, mais
qui brille surtout comme philosophe, est très populaire dans
une ville où pourtant Gassendi n'était pas né. Il y a un boule-
vart, une fontaine Gassendi. On montre, dans la rue des Bains,
une bicoque délabrée où Gassendi enseigna, dit-on, lorsqu'il
était à Digne, fort jeune encore.
   Gassendi vint au monde le 22janvier 1592, à Champlercier,
village peu éloigné de Digne. Il naquit de parents pauvres, et
ne se fraya la route que par son mérite propre. La ville d'Aix
le vit quelque temps; il fut lié intimement avec une des illus-
trations de cette même ville, le fameux Peyresc. Un médecin
de Digne possède encore un grand nombre de lettres de Pey-
resc à Gassendi. Ces lettres donnent lieu à une observation
intéressante pour les biographes; c'est que notre philosophe
s'appelait et signait Gassend, mais non pas Gassendi. Quand