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          DANS LES UNIVERSITÉS DE 1,'ALLEMAGNE.             207

pour ainsi dire profane, où, en un mot, l'Eglise fera place à
la toute-puissance de l'Etat chrétien.
   Il faut avouer que, malgré la variété des manières de voir
qu'a fait naître en France la question des rapports entre l'E-
glise et l'Etat, nous ne possédons aucune tendance qui puisse
être regardée comme identique 5 celle que nous venons d'es-
quisser bien faiblement. Monsieur Vinet aussi déclare que si
tous les hommes étaient régénérés, l'identification de l'Eglise
et de l'Etat serait certaine. Mais, tandis que le célèbre pro-
fesseur de Lauzanne regarde la réalisation d'une perfection
complète de l'humanité comme impossible, el traite toute
union de l'Eglise avec l'Etat de sacrilège et d'adultère, le
professeur de Heidelberg prétend qu'il est nécessaire que l'idée
de i'humanité telle qu'elle a été conçue par Dieu se réalise
un jour d'une manière absolue, el voit dans les religions
d'état un pressenliment de l'organisation future du christia-
nisme. Quant à nous, nous l'avouons : l'Etat parfait et chré-
tien de Rothe excluerait l'Eglise en la rendant superflue.
Mais l'idée de l'Etat elle-même, telle que ce savant l'expose,
est-elle juste et acceptable ? Cette exaltation de l'institution
politique est-elle conforme à la nature des choses ? Nous ne
le croyons pas. Quelque respect que nous ayons pour Hegel,
et quelque mépris que les hégéliens en général aient déversé
sur ceux qui ne partagent point à cet égard leur opinion,
nous croyons qu'il est de la plus haule nécessité de distinguer
toujours le domaine du temporel de celui du spirituel, le do-
maine de la loi civile de celui de la conscience intime, le do-
maine de la prospérité publique de celui de la vie morale et
religieuse. Certainement l'Etat a le droit de contribuer à dé-
velopper dans le citoyen l'homme spirituel et religieux.
L'exercice de ce droit est un de ses devoirs les plus sacrés.
Mais l'Etat ne doit entrer dans cette voie qu'indirectement,
en prolégeant le développement de l'Eglise et en le hâtant