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136 PHYSIOLOGIE sous Napoléon, dans l'immensité du jabot et la magnificence des diamants ; de nos jours, c'est elle qui a inventé la barbe el la tweed, qu'elle appelle twine pour rester fidèle à son ha- bitude de mutiler ses enfants adoptifs. Tout parvenu se range de droildans la famille des tigres. L'exagération dans la mise, le langage et les manières sont les conditions rigoureusement nécessaires pour y être admis. Le tigre n'est pas quelque chose de nécessairement et de complètement ridicule, mais c'est quelque chose d'infiniment content de sa personne, et d'ex- traordinairement sûr de son esprit; le tigre enfin est l'homme qui méprise celte règle immuable de la bonne compagnie : « tenir peu de place et faire peu de bruit. » En attendant qu'il se présente un homme de savoir et de patience comme Samuel Johnson, qui définisse toutes les nuances de l'expres- sion avec une rigueur précise, nous emprunterons à nos voisins d'Outre-Manche l'aphorisme suivant, qui achèvera d'expliquer la différence qui existe entre ces deux types : « le sort fait le lion, la volonté fait le tigre. » Ce fut à l'avènement de Georges IV au trône, qu'on sentit la nécessité de créer une expression qui pût classer cette ex- centricité couronnée; on avait lion, on prit tigre pour ne pas sortir du genre animal. Quoique l'aristocratie anglaise ait été féconde en tigres, le roi d'Angleterre, et Georges Brumell, le roi de Balh, sont encore cités comme les spécimens les plus remarquables de l'espèce. Quand il n'était encore que prin- ce de Galles, Georges IV avait un apanage qui suffisait à peine au quart de ses dépenses. Vainement le parlement vint à son secours : il fut obligé deux fois en dix ans de vendre sa vaisselle , ses diamants, et jusqu'au phaeton à six chevaux qu'il conduisait lui-môme à grand'guides dans les rues de Londres; l'une des causes de son aversion pour la princesse de Galles, c'était le peu de soin qu'elle prenait de sa personne cl les plaisanteries qu'elle se permettait lorsqu'elle voyait son