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                         DE SAINT JÉRÔMK.                          24.3
étant leur maîtresse. Vous recevez ensemble le corps du Christ,
pourquoi la table serait-elle différente? Tâchez de conquérir encore
des vierges. Si vous en voyez quelqu'une d'un peu faible dans sa foi,
accueillez-la, cherchez à la consoler, à la caresser, et faites en sorte
que sa pureté devienne un gain pour vous. Mais ces veuves et ces
vierges oisives et curieuses qui vont de maison en maison, et imi-
tent les parasites, évitez-les comme une sorte de peste. Adon-
nées en général au vice et à la volupté, elles insinuent toute
espèce de mal, et savent amollir, façonner au plaisir jusqu'à des
âmes de fer. Ne vous piquez pas de beaucoup d'érudition, et n'allez
pas traiter en vers lyriques des matières joyeuses. Que fait Horace
avec le Psautier, Virgile avec les Evangiles, Cicéron avec l'Apôtre ?
N'imitez pas la molle délicatesse de certaines femmes qui affectent
de ne parler qu'entre les dénis, ou du bout des lèvres, ne pronon-
cent que des demi-mots avec une langue balbutiante, et regardent
comme grossier tout ce qui vient naturellement.... »
   Les veuves et les épouses chrétiennes recevaient aussi de Jérôme
des conseils analogues à leur position, et, comme en passant ce
zélé directeur n'omettait jamais de flétrir, par de vives peintures, les
vices de l'époque opposés aux vertus par lui recommandées, il ar-
rive que le lecteur étudie ainsi les mœurs romaines, mieux que nulle
autre part. Marcella, Léa, Asella, Paula, Blésilla, Eustochium et bien
d'autres saintes femmes, sortant presque toutes de la première no-
blesse de Rome, revivent dans cet ouvrage, et sont autant de noms
(jui brillent dans les cieux sur la couronne de l'illustre Père de l'E-
glise. Rome païenne s'étonnait et s'irritait de la profonde réforme
morale, si bien secondée par saint Jérôme. Les mauvais chrétiens
s'indignèrent d'une perfection qui les forçait à rougir, mais le bien
s'opérait, malgré tout, chez les âmes dociles à la grâce. La soli-
tude, l'abstinence, la prière, la modestie, le travail manuel, l'étude
des livres saints, telles furent les armes dont se servit le conseiller
habile, pour triompher de la faiblesse et pour vaincre la licence.
Souvent même, ses efforts furent couronnés d'un tel succès, qu'il
dût modérer le zèle, et recommander la prudence. Il s'échappe de
tout ceci une religieuse poésie qui répand un doux charme sur la
 belle figure historique de Jérôme.