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145                    L'OLTRAMONTANISME.

 monde-là, M. Quinet sera déchiré, insulté, mais ne sera pas discuté ;
et par le temps de loyauté qui court, de la part d'ennemis naturels,
ce genre de réfutation sera tenu pour être de bonne guerre.
    Une critique plus indigne et plus déloyale encore, est celle qui
s'enveloppe d'un air de modération, calcule perfidement l'éloge,
 glisse sur le fond de la pensée en rapprochant des mots qui la dé-
naturent, exagère l'importance de certains accessoires pour voiler
celle des questions principales, et, se méprenant sciemment sur la
portée des idées, se rabat sur une métaphore un peu aventureuse,
et la présente comme la formule la plus complète que l'écrivain ait
donné à son opinion. D'après le sens que l'on attribue à l'épithète
jésuitique, elle semble avoir été faite pour cette façon de pro-
céder. Un des plus merveilleux échantillons de ce genre de criti-
que, c'est l'article que M. Lerminier a consacré à VUltramontanisme;
déjà, à propos du livre Des Jésuites, on avait admiré ces leçons de
modération et de respect pour le catholicisme, donné à deux pro-
fesseurs du collège de France, par un collègue dont la chaire a été,
comme chacun sait, un sanctuaire de modération, et qui a toujours
si révérencieusement parlé des lois, du gouvernement, et de la re-
ligion de son pays. Avant d'aller aussi loin contre les vérités re*
ligieuses et sociales que l'auteur des Lettres à un Berlinois d'au-
delà du Rhin, etc. M. Quinet aurait à fraachir toute la distance
qui sépare un homme imbu de l'esprit du christianisme, des uto-
pies St-Simoniennes sur la réhabilitation de la chair ; il aurait à
changer sa parole idéale de ptiète contre la déclamation haineuse du
 tribun, et sa toge doctorale contre la carmagnole. La génération qui
écoute aujourd'hui M. Quinet, et qui rapporte de ses cours des
émotions si religieuses, si pures de toute haine et de tout esprit
de subversion, qui n'a jamais quitté le pied de sa chaire sans aimer
davantage le France et le véritable esprit chrétien, cette génération
n'est pas tellement jeune qu'elle n'ait assisté aussi aux leçons de
M. Lerminier. Et certes, ce n'est pas la faute du professeur si cette
jeunesse croit encore à la vertu de la parole du Christ, il nous prê-
chait avec assez d'emportement la mort, non pas seulement de l'é-
 glise romaine, mais du christianisme tout entier. Si l'ordre social, si
 la royauté, si la politique que défend aujourd'hui M. Lerminier sont