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244 LE P. BERACD. derne ; on est persuadé des secours réels qu'en tirent dès à présent, et qu'en tireront bien davantage, dans la suite, l'a- griculture et la médecine: cependant chaque année ne four- nit dans toute la France qu'un très petit nombre d'observateurs. C'est qu'il faut beaucoup de travail et une assiduité pénible auxquels le commun des hommes n'attache pas la même gloire qu'aux sublimes découvertes des géomètres, parce qu'ils ne font pas attention que le vrai savant mesure la dignité de ses occupations, moins sur leur éclat, que sur l'utilité dont elles peuvent être à ses semblables, sur l'avantage qui en résulte pour les sciences. Ce dernier motif était le seul qui animait le P. Beraud. Ses observations météorologiques, con- tinuées pendant vingt années, sont conservées dans votre dé- pôt, et ne forment qu'une faible partie des travaux auxquels il s'est livré comme physicien. Un des grands obstacles à la correspondance des observations sur la température de l'air, a été pendant longtemps le défaut de thermomètres compa- rables. Plusieurs savants avaient essayé d'y remédier, et M. de Réaumur y était parvenu. Tout le monde connaît sa méthode ingénieuse, qui fut perfectionnée par la substitution du mer- cure à f esprit-de-vin. Mais les meilleures découvertes sont rarement exemples de toute imperfection. Le P. Beraud qui voulait toujours la plus grande précision, s'aperçut que la différence dans le calibre des tubes en apportait dans les effets de la dilatation, en sorte qu'ayant placé à la même tempé- rature deux tubes inégaux en diamètre, le mercure lui parut plus élevé d'un degré dans le plus petit. Il en chercha la rai- son, et partant de ce principe, qu'un tube capillaire a plus de surface qu'un gros tube, à raison des masses de mercure qui y sont contenues, et que la dilatation est en raison di- recte des superficies, il jugea qu'en effet le mercure devait être d'autant plus élevé dans le tube, que son diamètre était plus resserré. Il propose, pour remédier à cet inconvénient,