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212     ANCIENNES INSTITUTIONS RELIGIEUSES DE LYON.

et ces monuments où l'art trouvait à déployer ses merveilles,
étaient quelquefois autant de pages historiques. Beaucoup
d'Eglises d'Italie sont en partie redevables à un tel usage de
l'attrait de curiosité qui provoque à en visiter l'enceinte tout
entière. Rome, Naples, Florence, Venise, etc., se plaisent à
offrir ainsi aux yeux de leurs citoyens et de l'étranger les
tombes de leurs grands hommes, jusque-là que, si la cendre
est absente, si le cercueil n'a pu rejoindre le berceau, on n'en
pose pas moins des monuments commémoralifs. Pourquoi,
chez nous, à des conditions qu'il serait facile de déterminer,
ne rétablirait-on pas une coutume depuis longtemps abolie?
La plupart des tombeaux qui se détériorent si vite dans nos
cimetières, seraient à l'abri de l'injure des saisons sous la
voûte de nos églises, et le droit d'une sépulture privilégiée
s'achèterait au profit des pauvres de ces églises, et de la répara-
lion des églises elles-mêmes.
    La maison des Carmélites de Lyon avait eu son origine
dans celte coutume générale que nous venons de rappeler.
Jacqueline de Harlay, fille de ce Harlay de Sancy qui alla
chercher en Suisse 16,000 hommes, qu'il amena au service de
Henri IV travaillant encore à la conquête du royaume de
France, avait été mariée en 1596 à Charles de Neufville, mar-
quis d'Halincourt, gouverneur de Lyon et de la Province.
Dès que le cardinal de Bérulle eut fait venir en France des
Religieuses Carmélites, le marquis et son épouse voulu-
rent en avoir une Maison dans leur Gouvernement. Ils firent
donc, en l'année 1616, l'acquisition du lieu que les Carmé-
lites ont occupé jusqu'il la Révolution, et y élevèrent une
église où ils ne devaient pas larder à prendre une honorable
sépulture. La marquise d'Halincourt s'y rendit en 1618, le
marquis en 1642 (1).

  (t) Germain Guichenon, la Vie de Camille de Neufville, pag. 37-41.