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SUR LÉGLISE DE BROU. 39 une (femme). Il suffit de cette traduction pour démontrer qu'elle ne peut pas avoir un autre sens. C'est le propre des grandes douleurs de se plaire aux choses qui leur servent d'aliment. Marguerite continua de résider au château du Pont-d'Ain qui lui rappellait une fé- licité sitôt évanouie, et le dernier soupir de son époux. Dans cette retraite, ayant constamment en vue la construction de son monument funèbre, pour disposer de toutes ses ressources, elle réclama le paiement de son douaire au successeur de Philibert. Après quelques difficultés, aplanies par l'empe- reur son père , celte affaire réglée, elle se mit aussitôt à l'œuvre, et la première pierre du sanctuaire de l'église de Brou fut posée par elle au printemps de l'année 1506 : elle avait donné ses ordres à Laurent de Gorrevod pour faire dresser les plans et les devis. L'édifice monumental s'élevait sous ses yeux, lorsqu'en 1508 des nécessités politiques l'appelèrent au gouvernement des Pays-Bas ; elle céda aux sollicitations de son père et s'é- loigna des lieux auxquels son cœur était attaché. Cette dernière moitié de la vie de Marguerite appartient surtout à l'histoire générale, par l'influence que cette prin- cesse exerça sur les principaux événements de cette époque. Toujours muni de documents intéressants, son biographe la produit sur cette scène des grandes choses, sans négliger les particularités de sa vie inlime. Nous y voyons celte ré- gente habile enrichir les Pays-Bas d'une prospérité croissante, en les tenant en paix au milieu de la conflagration géné- rale ; faire fleurir les lettres et les arts ; diriger sous ses yeux l'éducation de son jeune neveu, qui fut depuis Charles-Quint; préparer ce grand règne par des négociations heureuses ; toujours préoccupée de l'agrandissement de la maison d'Au- triche et de l'abaissement de la France, dont elle n'oublia jamais les torts envers elle, écraser à cette double fin la