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254 Ul P. BERAUD. première demeure fut chez M. Beraud, son frère, qui se joi- gnit à son épouse pour lui assurer toutes les douceurs d'une vie aisée et tranquille. Mais une mort soudaine l'ayant bien- tôt privé de ce frère chéri, il se relira chez M. Mallebay, son neveu, en qui il trouva toujours réunis pour lui jusqu'à sa mort, et la tendresse du sang, et le respect qu'inspirent aux belles âmes le mérite et la vertu. Ce fut peu de temps après son retour à Lyon, que j'allai lui porter le vœu de mes confrères et le mien, pour lui voir reprendre à l'Observatoire la place qu'il avait si bien remplie pendant tant d'années, et qu'il mettait lui-même au rang de ses plus grandes pertes. La plaie de son cœur n'était pas encore fermée, et elle ne devait jamais l'être. Mes instances ne furent point écontées. En vain j'intéressai les sciences, et le besoin qu'elles avaient de ses talents ; il fut inébranlable. Mais qu'on ne lui fasse pas l'injure d'attribuer son refus à des motifs indignes de lui. Il ne connut jamais d'autres sen- timents que ceux de l'honnête homme et du chrétien. II mé- prisa, comme tout homme sage, les préjugés enfants du fa- natisme; et son cœur, ami de la paix, gémit de ces troubles funestes à l'Eglise et a la France, tristes fruits des passions humaines, et jamais d'un zèle éclairé. Non : s'il refusa ce qu'on pouvait peut-être lui offrir de plus consolant dans ses peines, c'est qu'il redoutait un souvenir affligeant, à peu près comme un fils tendre et sensible craint quelquefois d'habiter les lieux qui virent périr les auteurs de ses jours. C'est ainsi qu'il s'en expliqua lui-même à ses amis, en témoignant avec bonté dans toutes les occasions combien il avait été flatté de mes offres. Quoiqu'il m'eût dit alors qu'il avait renoncé pour toujours aux cieux matériels, pour ne plus s'occuper que du ciel pur et inaltérable auquel il aspirait, il ne put cependant se re- fuser la satisfaction d'observer le passage de Vénus sur le