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466 EXCURSION DANS LE MIDI. leurs dépouilles furent placés à côté l'un de l'autre, dans un même tombeau, celui préparé par la veuve pour son illustre époux. Un ancien député, dont la France honorera toujours la mé- moire comme un modèle de pur dévouement à la patrie et de haute probité politique, M. Eusèbe Salverte , nous écri- vait à ce sujet de son domaine près de Nogent-sur-Seine. « J'ai une bien triste nouvelle à vous annoncer et je vous connais trop bien, mon cher monsieur, pour ne pas être as- suré d'avance de la douleur que vous allez en ressentir. « Mme la maréchale Brune est morte samedi dernier. « Vous n'avez pas oublié combien elle était affable, bonne et reconnaissante envers ceux qui prenaient part à ses cruel- les infortunes. Vous n'avez pas oublié non plus son active charité pour les pauvres habitants de Saint-Just et tout ce qui était souffrant et malheureux autour d'elle. « Troyes a conservé la mémoire d'un simple fait qui vaut à lui seul toute une oraison funèbre. Alors qu'une disette fac- tice ou réelle désolait la France, en 1816; c'est-à -dire alors même que la plaie faite à son cœur était encore saignante, on vit la maréchale distribuer aux pauvres familles de Saint- Just, de Marcilly, d'Anglure, etc., lous les grains qui lui res- taient dans ses greniers; et comme cela ne suffisait point à calmer la faim et la misère de tant de pauvres gens, elle en- voya vendre à Troyes une partie considérable de son ar- genterie, pour en consacrer le prix au soulagement des plus nécessiteux. Je ne crois pas que pour cela le pape canonise jamais la maréchale Brune; mais la reconnaissance du peuple est un calendrier qui a ses saints comme l'église. « Au premier jour vous recevrez, par le maire de Saint- Just ou par le capitaine Legros (1) pour être publié dans le (1) Si nos souvenirs ne nous trompent point, M. le capitaine Legros, parent du maréchal Brune et son ancien aide de camp, pouvait bien être la seconde personne dont le procès-verbal de M. de Chartrouse laisse le nom en blanc.