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410 MORTE! Mais le soir mais la nuit.... cette nuit du trépas, Quand les cieux souriaient, que de pleurs ici-bas ! Oh! n'avoir qu'un enfant, qu'un seul bien, qu'une ivresse, Au cerveau qu'une idée, au cœur qu'une tendresse, Toucher presque le but après un long chemin, Et rêver chaque soir un plus doux lendemain ; N'avoir à deux qu'un corps, dont cette fille est l'ame, Et dans soi qu'un foyer dont sa vie est la flamme, Puis, sur ce front brillant de lumière et d'amour Voir la nuit loul-à -coup éteindre un si grand jour... C'est à douter de tout.... de la mort elle-même, Tant on a peine à croire à ce malheur extrême ! Ami, confie au moins la plainte à l'amitié, De tes chagrins amers tu lui dois la moitié : L'épanchement dilate et soulage un cœur tendre, Quand le vase est trop plein la liqueur doit s'épandre. Laisse donc ruisseler tes larmes à longs flots, L'accent de la douleur ne meurt pas sans échos. Mais sur qui pleures-lu!.... sur elle?.... ou sur toi-même? Sur elle?.... le front ceint du divin diadème, Au séjour des heureux elle a pris son essor; Sa tunique esl d'argent et ses ailes sont d'or ! Elle a quitté le monde avant qu'un seul pli sombre Sur ses jours enfantins n'ait projeté son ombre: Un de plus... qui le sait?... celle coupe de miel S'aigrissait sous sa lèvre et se changeait en fiel. Elle n'était point faite, ami, pour nos parages, Une ame sans limon veut un ciel sans nuages ;