Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
314             LE BAPTÊME DE LA CLOCHÉ.
 Rivale de la foudre et perçant les nuages,
 Va, comme un fort guerrier que le prêtre bénit,
 Va défendre nos champs, et contre les orages
 Lutter sur les créneaux de la tour de granit.

 Vers la cime où ton maître à jamais t'a placée,
 Mille bruits monteront du hameau, du désert ;
 Toi tu feras, fidèle à sa grande pensée,
 Un accord immuable en ce changeant concert.

 A tes pieds les rumeurs et les échos varient ;
 Du sein de ces forêts et des prés d'alentour
 S'élèvent bien des voix qui pleurent ou qui rient,
 Les chants et les soupirs en montent tour à tour.

 Dans la chapelle, ici, gémissent les prières,
 Près du mur des passants se disputent enlr'eux.
 Des baisers ont frémi sur le bord des clairières,
 La-bas le laboureur excite ses grands bœufs.

 Ainsi l'homme se môle aux sons que lu disperses,
 Et dans le calme essor de tes vibrations
 Ainsi meurt et renaît, en des notes diverses,
 Le bruit de nos travaux et de nos passions.

Et la nature aussi, parole solennelle
Qui chante l'infini sur le mode sacré,
Des tons, en un moment, parcourt la grande échelle,
Gémit, gronde, et sourit après avoir pleuré.

Selon que la forêt ou grandit ou décline,
Le vallon rend là-bas des accords différents;
Dans ces ravins, coulant de la même colline,
L'eau soupire en ruisseaux ou mugit en torrents.