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               LE BAPTftME DE LA CLOCHE.                   315
Chaque jour, selon l'homme et le vent, la campagne
D'une source enrichie ou perdant un rameau,
Prête ou retire une ame au chœur qui t'accompagne ;
Et la terre à ses voix donne un accent nouveau.

Car la nature aussi regrette, invoque, aspire;
Tour à tour, doute, espoir ou crainte, y sont vainqueurs,
Et pour longtemps encor, sur cette immense lyre,
L'harmonie est changeante, ainsi que dans nos cœurs.

Toi, pourtant, quels que soient la saison, le jour, l'heure.
Dans le calme ou l'orage ayant le même son,
Tu nous diras, du haut de la sainte demeure,
Toujours le même mot et la même leçon.

Parole incorruplible, enseignements suprêmes !
Grande voix, dominant tous les bruits d'ici—bas,
Semblable à cette voix qui parle dans nous-mêmes,
Nous suit, et cependant ne nous appartient pas !

Ce mot qui te remplit, ce nom que tu proclames,
Pensée à ton métal mêlée au sein du feu,
Souffle d'éternité qui soulève nos âmes,
C'est le nom, la pensée et le souffle de Dieu.

Et tu la sèmeras ton immuable idée,
Des cités aux forêts, des sommets aux vallons ;
Et comme d'harmonie une mer débordée,
Ta voix nous poursuivra partout où nous allons.

De l'encens et du sel si le prêtre t'honore,
C'est qu'il consacre en loi le psaume fait airain ;
De tous les instruments tu n'es le plus sonore
Que pour proclamer Dieu d'un ton plus souverain.