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VAISE. 273 Il existe, à l'entrée du faubourg de Vaise, sur le bord de la Saône, un four à chaux dont l'épaisse fumée et la d é - sagréable odeur incommodent tout le voisinage. Son établis- sement remonte à plus de deux siècles, et lorsqu'on vou- lut en poursuivre le propriétaire, et le forcer à transporter ailleurs son industrie, celui-ci excipa d'une sorte de pres- cription. Ce four à chaux existait déjà , en effet, en 1544. Un poète lyonnais, qui a joui dans son temps d'une grande célébrité, Maurice Scève, contemporain de notre Louise Labé, en parle dans son recueil de dizains amoureux, intitulé: Délie, obiet de plus haulte vertu, imprimé pour la première fois en 1544. Voici les dizains CLXXVHI et CCCLX : Pour estre l'air tout offusqué de nues Ne provient point du temps caligineux : Et veoir icy ténèbres continues N'est procédé d'autonne bruyneux. Mais pour autant que tes yeulx ruyneux Ont demoly le fort de tous mes aises, Comme au faulxbourg les fumantes fornaises Rendent obscurs les cireonuoysins lieux, Le feu ardent de mes si grandz mesaises Par mes souspirs obtenebre les cieulx. En ce faulxbourg celle ardente fornaise N'esleue point si hault sa forte alaine, Que mes soupirs respandent à leur aise, Leur grand'fumée, en l'air qui se pourmeine. Et le canon (1), qui paour, et horreur meine, Ne territ point par son bruyt furieux SI durement les cireonuoysins lieux, Qui sa ruyne, et sa fureur soustiennent, Que mes sanglotz penetrantz iusqu'aux cieulx Esmeuuent ceulx, qui en cruaulté régnent. (i) Le canon du châleau de Pierre-Scize. 18