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266 DIGNE ET LES ALPES. —Y a-t-il longtemps que vous êtes sous-préfet à Siste- ron ? —Sire, lui répondit celui-ci, depuis votre avènement. —El vous, M. le maire ! —Sire, lui dit M. de Gombert, je suis maire depuis huit ans. —Eh ! bien, Messieurs, répliqua Bonaparte, j'ai grand plai- sir à vous voir. Et en môme temps il tourna bride et continua sa route vers la ville. Quoique ce fût un dimanche, il ne se trouvait là qu'un petit nombre d'enfants du peuple, et quelques-uns, excités par l'exemple des gens de la suite de Napoléon, laissèrent échapper le cri de vive l'Empereur. Napoléon mit pied à terre à l'hôtel du Bras-d'Or, au cen- tre de la ville, et, durant le trajet pour s'y rendre, ne fut ac- cueilli que par un morne silence. Le sous-préfet et le maire, qui avaient suivi le cortège, en étaient encore éloignés, quand un officier vint leur dire que Sa Majesté desirait avoir un entretien avec eux. Ils se ren- dent à l'hôtel. Le sous-préfet est introduit le premier dans l'appartement que Napoléon occupait, et y reste près de trois quarts d'heure. Le maire ayant été introduit à son tour, Na- poléon lui dit : —Vous êtes bien étonné, n'est-ce pas, M. le maire de me voir ici ? —Mais, Sire, on le serait à moins. —Pourquoi cela, M. le maire; pourquoi cela ? Ne suis-je pas le père des Français ? Vous le voyez, j'arrive avec con- fiance ; je n'ai pas beaucoup de monde. —Il est fâcheux que Votre Majesté, ne comptant pas aban- donner la partie, ne l'ait pas continuée l'an passé. A cette époque, Sire, sur le simple appel que fit aux Français Marie- Louise pour la remonte de la cavalerie, je fis personnellement