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DIGNE ET LES ALPES. 263 aurait pu voir échouer sa large envergure, au lieu d'aller s'abattre à Waterloo. A Digne, le préfet des Basses-Alpes était absent, lorsqu'ar- riva l'Empereur; le salon de la préfecture n'offrait qu'un cercle de modestes chaises. « Qu'est-ce que cela, dit alors Napoléon; apportez-moi le fauteuil qui est dans telle pièce» ; et ce fauteuil renfermait des papiers et des documents d'une certaine importance pour la marche qu'il fallait suivre. Napo- léon passa à Digne quelques heures de la journée du 4 mars, et se rendit vers les six heures du soir à Malijay, village situé entre Digne et Sisteron, à cinq heures de poste de ces deux villes. Il y coucha, dans la nuit du 4 au 5; ce fut à la maison châtelaine de Malijay, la dernière habitation sur la gauche, en venant vers le nord, que l'Empereur fut logé. Le voyageur peut la voir encore. Quant à ce qui marqua l'entrée de l'Empereur à Sisteron, les historiens l'ont ignoré complètement, el l'on ne trouvera l'exacte vérité ni dans d'Autichamq, ni dans M. Lubis, ni dans Norvins, ni dans les Cent-Jours de M. Capefigue. J'ai eu sous les yeux un Mémoire manuscrit de M. Gombert, alors maire de Sisteron, et la lecture de cet écrit d'une quin- zaine de pages me permet de vous donner là -dessus quelques détails neufs et piquants. Dès le grand malin du 4 mars, toute la brigade de gendar- merie royale se mettait en route pour Digne, d'après un or- dre de la veille, et le commandant de la place de Sisteron, M. Machemin, expédiait plusieurs milliers de cartouches. M. de Gombert se rend à la hâte chez le commandant; il ap- prend que toutes ces mesures sont prescrites par le maréchal- de-camp, comte Loverdo, qui commandait le département. Une lettre de ce brave militaire, lettre datée de Digne et écrite à cinq heures du malin, enjoignait de faire évacuer sur Manosqueles munitions de la citadelle de Sisteron, afin qu'elles •