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                         1K P. BERAUD.                       255

  soleil, en 1769. Ce phénomène intéressant ne devait repa-
  raître qu'au bout d'un siècle : la tentation était forte pour
 un astronome. Son observation fut consignée dans les jour-
 naux, mais c'est en effet la dernière que nous ayons de lui.
 Le reste de sa vie n'est presque plus que celle d'un solitaire
 qui médite les années éternelles : la meilleure partie de ses
 journées est remplie par la prière : il se fait une obligation
 de la retraite, et il ne donne à la société que ce que la plus
 stricte bienséance ne permet pas de lui refuser. Cependant
 l'étude, la passion dominante de toute sa vie, réclame encore
 ses anciens droits, et il ne résiste pas au plaisir innocent d'y
 consacrer chaque jour quelques heures.
    En 1770, il fil deux dissertations sur des pierres sépul-
 crales tirées des catacombes de Memphis. En 1772, il vous
 communiqua des recherches sur l'as ou la livre romaine. La
 mort interrompit une discussion commencée sur la langue que
 parlait Notre-Seigneur (question vraisemblablement difficile
à résoudre). Newton, sur la fin de ses jours, commenta l'A-
pocalypse.
    L'esprit du P. Beraud était trop vigoureux pour son corps.
Il fallait nécessairement que ce dernier fût la victime d'un
 genre de vie aussi austère, d'un travail aussi soutenu. Des
 maux d'estomac, que les médecins attribuèrent à un squirre,
 le réduisirent souvent à un étal de faiblesse qui faisait crain-
 dre pour sa vie. Vers les fêtes de Pâque de 1777, les dou-
leurs augmentèrent au point de ne plus laisser aucun espoir
de le conserver. Il souffrit avec la fermeté d'un philosophe
chrétien, et il vit approcher ses derniers moments avec la
joie d'un ame qui arrive au terme de ses désirs. Après avoir
été languissant pendant trois mois, il mourut le jeudi 26 juin
1777, âgé de 75 ans et quelques mois. Les regrets de ses
confrères, ceux des personnes qui le connurent, font mieux
son éloge que tout ce que j'ai pu dire. On estimait ses con-