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246 LE P. BERACD. pour abréger le temps des découvertes, qui devait le rendre témoin lui-même de ces expériences. Il établit donc la pe- santeur du feu, mais il ne lui refuse pas moins loute l'in- fluence qu'on lui attribuait dans le phénomène dont il s'agit. C'est le plus léger, le plus subtil des éléments ; il brise tous les obstacles qu'on lui oppose ; il ébranle toutes les parties, il les sépare ; il pénètre tout ; il ne manifeste sa présence que par la destruction : est-ce en dissipant les parties des corps qu'il peut contribuer à leur poids, et augmenter leur masse? Quels sont les liens qui peuvent retenir dans les pores d'un métal réduit en poudre, cette force qui se fait jour au travers du marbre et du diamant ? Quelle puissance éteint tout-à -coup son action, et lui fait perdre ses pro- priétés essentielles, la chaleur et la lumière? Le plomb mis en fusion et bouillonnant par l'action du feu, en contiendra- t-il moins que lorsqu'il sera refroidi et revenu à la température de l'air ? Pesez-le cependant dans le premier état : vous ne trouverez pas de changement dans son poids, et vous aper- cevrez une augmentation sensible, lorsque vous l'aurez fait passer de cette chaleur qui l'a calciné, au froid le plus âpre. Mais si le feu terrestre est insuffisant pour augmenter le poids des chaux métalliques, que devons-nous penser des rayons solaires? M. Homberg avait exposé au fameux verre de M. le duc d'Orléans quatre onces de régule d'antimoine, qui acquirent dans la calcinalion trois drachmes et quelques grains. Dans le système de Boyle et des anciens chimistes, celte masse d'antimoine avait donc acquis trois drachmes de feu : or, en supposant que l'opération ait duré même une heure, et que la surface du verre n'eût que trois pieds, le calcul démontre que la masse des rayons que lance le soleil en dix-huit jours, surpasserait en pesanteur celle de la terre entière ; mais la force des corps et le produit de leur masse par leur vitesse, et la vitesse des molécules de la lumière est