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240 LE P. BERADD. plus attentifs à sa conservation que-lui-meme. n'avaient pris pour lui des précautions qu'il dédaignait. Dans le grand nombre d'observations que m'offre chaque année de vos registres, il en est une surtout bien remar- quable, celle de deux passages de Mercure sur le soleil, et principalement du dernier qui arriva le 6 mai 1753 ; c'est le quatrième passage de cette planète observé dans le nœud descendant. Il s'agissait de décider entre les taMes de Cas- sini et celles de Halley corrigées par Delisle. Les calculs faits d'après les unes et les autres, donnaient pour l'entrée de Mercure sur le soleil une différence de quatre heures sept minutes ; l'observation jugea en faveur des dernières, Mercure quitta le soleil à 10 heures 31 minutes 41 secondes: sui- vant les tables de Halley, l'émersion totale devait avoir lieu à 10 heures 47 minutes pour le méridien de Lyon ; la diffé- rence ne fut pas de 16 minutes, précision qui étonne le com- mun des hommes, et qui ne satisfait pas encore l'astronome. Une autre circonstance intéressante de ce passage, c'est l'an- neau lumineux aperçu autour de Mercure pendant tout le temps qu'il fut sur le soleil. Il avait été vu, en 1736, à Mont- pellier, par M. de Planlade ; le P. Beraud, ainsi que tous les astronomes, l'avait cherché inutilement en 1743 ; à l'é- poque dont nous parlons, il eul la satisfaction de le voir et de le montrer. Pendant tout le temps de l'observation, qui dura cinq heures, Mercure parut environné d'un anneau par- faitement circulaire, d'un rouge obscur, à peu près semblable à la lumière qu'on aperçoit sur la lune dans ses éclipses totales, lorsqu'elle est entièrement dans l'ombre de la terre. A quoi attribuer ce phénomène, sinon à l'atmosphère de Mercure, qui absorbe ou intercepte une partie des rayons solaires ? Les observations de notre Académicien n'étaient pas sté- riles pour lui, il savait en tirer des conséquences qui, en