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230 ANCIENNES INSTITUTIONS RELIGIEUSES DE LYON. présents, me confond de plus en plus ; et celle des misé- ricordes de Dieu sur moi me les fait paraître plus énormes, d'autant plus que ces mômes miséricordes m'ont préservée de mille périls où ma jeunesse insensée se livrait aveuglément : car à quoi ne me suis-je pas exposée pour satisfaire et mon intempérance et mes passions? « Quels risques ne courait pas naturellement une fille de vingt à vingt-deux ans, d'aller dans le Wirtemberg, et du Wirtemberg à Paris, dans une chaise de poste, accompagnée d'un seul laquais et du postillon? Le laquais, plus timide que moi et plus raisonnable, me faisait apercevoir les dangers évidents que je courais. Il approchait son cheval de ma chaise, dans les bois de Nancy et de Ste-Ménéhould, pour me dire: Mademoiselle, nous sommes ici dans des coupe-gorges.—Eh ! bien , lui répondis-je, que crains-tu ? n'ai-je pas deux bons pistolets? Va, va, tu suis César et sa fortune. Etant dans une auberge, j'entends entrer dans ma chambre avant le jour ; je crois qu'on vient m'avertir que les chevaux de poste sont à ma chaise ; j'appelle mon laquais par son nom, personne ne répond, et j'entends qu'on s'avance vers mon lit ; je crie: Au voleur l le voleur prend la fuite ; je sors du lit pour l'at- teindre, il m'échappe, et se sauve; on vient au bruit que je faisais ; je dis à l'hôtesse : Vous avez des voleurs chez vous. Il y a, me répond-elle, trois carrosses de voilure qui y lo- gent, je ne connais pas ceux qui les remplissent. Cela suffit, lui dis-je; qu'on mette les chevaux à ma chaise. On les y met -, je pars à la pointe du jour, sans m'embarrasser de quel côté aura tourné le voleur ; c'est ainsi que Dieu, par une pro- vidence marquée, m'a toujours préservée des funestes acci- dents dans lesquels je me précipitais, malgré les sages r e - montrances des personnes même les plus respectables par leur rang, par leur âge et par leurs vertus. «Lorsqu'ellesmedemandaientsij'approchaisdessacrements: