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198 DE L'ÉTAT ACTUEL DE LA PHILOSOPHIE ling. Il y a vingt ans, le professeur de Heidelberg était aux yeux de Schelling un penseur recommandable ; Schelling, au jugement de Kapp, était digne d'être appelé le Platon de l'Allemagne. Les deux professeurs semblaient donc les meil- leurs amis, lorsque les rapports de bienveillance qui exis- taient entre eux furent troublés d'une manière bien inat- tendue , à l'occasion d'un livre de Kapp sur l'origine des hommes et des peuples. Schelling crut reconnaître dans cet ouvrage la reproduction de plusieurs idées qu'il venait d'é- mettre dans un de ses cours. En homme qui tient a récoller lui-même là où il a semé, et à n'abandonner à personne la moindre parcelle de gloire qu'il pourrait avoir droit de re- vendiquer, il reprocha à Kapp de s'être paré de plumes étran- gères. C'est alors que Kapp, blessé au vif, devint l'ennemi déclaré de Schelling, contre lequel il lança sur le champ une brochure destinée à repousser ce qu'il appellail une insigne calomnie. Plus de dix ans se sont écoulés depuis cette querelle. Elle était dûment oubliée par tout le monde, et semblait oubliée, même par les deux champions qui s'étaient livré bataille, quand, il y a quelques mois, Kapp reprit la plume, et publia contre son adversaire, sous le titre de: Schelling, ou Fragments de rhistoire contemporaine, un ouvrage anonyme qui mérite une place distinguée dans la littérature des libelles et des pam- phlets. Kapp reproche à la philosophie de Schelling de n'avoir j a - mais eu ni principe, ni méthode, de n'être que le fruit d'un plagiat honteux, une mosaïque composée des parties les plus hétérogènes, une copie triviale de Platon, une reproduction grotesque de Bohme, un travestissement de la doctrine hégé- lienne, un pot pourri philosophique dans lequel les contra- dictions les plus grossières sont les seuls éléments que l'au- teur peut revendiquer comme sa véritable propriété. Kapp