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                       HISTOIRE DE LÉON X.                        157

 est formulé ferait plus de tort à la mémoire du pape que l'insulte
 même. Le protestantisme en fait un humaniste érudit, un poète
 brillant, un lettré de la renaissance enfin, tout occupé sur la chaire
de Saint-Pierre de vanités mondaines. Ce qu'il y a de plus doulou-
 reux, c'est qu'il a donné le change à l'opinion catholique qui ré-
 pète des jugements inspirés par la passion. Tout en acceptant les
louanges que lui ont décernées à dessein les écrivains de la Réforme,
nous réclamons pour Léon X une gloire plus durable que celle qui
trouve ici bas son prix dans l'admiration et les applaudissements
 des hommes; et cette gloire que Dieu seul peut donner, il faudra
bien la lui restituer quand nous le verrons dans le cours de sa vie,
si courte et si pleine, pratiquer tous les préceptes de l'Evangile
qu'enfant il avait étudié à Florence, conserver dans l'exil cette
chasteté de mœurs qui défia, suivant l'expression d'un écrivain
contemporain, jusqu'au soupçon lui-même, vivre au milieu des hu-
manistes romains à la manière des chrétiens de la primitive Eglise :
jeûner, prier, et, rude à lui-même,faire maigre trois fois la semaine,
répandre autour de lui d'abondantes aumônes, et quand Dieu l'eut
constitué chef de l'Eglise, donner au monde le spectacle des vertus
chrétiennes les plus éminentes
    « Nous savions bien qu'avant nous, d'autres écrivains avaient
raconté la vie de notre héros, mais leur pensée n'élait pas la nôtre,
aussi avons nous tâché de ne pas les imiler. Un de ces historiens,
qui travaillait à la manière des Bénédictins, Roscoe a tracé le tableau
du règne de Léon X, mais tableau tout mondain où le pape n'est
présenté que sous l'une de ses faces. Quand on a lu Roscoe, on con-
naît l'artiste, on ignore le chrétien. C'est une réhabilitation du ca-
ractère de Léon X que nous tentons aujourd'hui. »
    Cette réhabilitation, M. Audin nous la montre noble et majes-
tueuse; les règlements promulgués au concile de Latran , sous
l'inspiration de Léon X, règlements qui vivent encore comme
une des gloires de l'Eglise, prouveraient à eux seuls toute la gran-
deur chrétienne de ce vicaire de Jésus Christ.
    Ecrivain consciencieux, M. Audin a visité tous les lieux qui fu-
rent témoins des scènes qu'il raconte; il a puisé aux sources primi-
tives, dans les vastes nécropoles de Rome et dans les archives de