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158 HISTOIRE DE LÉON X. Florence : l'idiome germanique lui est aussi familier que l'harmo- nieuse langue du Tasse et de l'Arioste; aussi a-t-il étudié ses héros en Allemagne, en Italie, partout enfin où ils ont laissé quelque trace de leur passage. Comme détails historiques et intimes, comme appréciation d'un siècle illustre et renommé entre tous les siècles passés, comme con- clusion catholique en faveur du génie religieux, libéral et artistique de la papauté à la Renaissance, le livre de M. Audin est aussi exact, aussi complet que possible. Par les savantes et nombreuses recher- chesdont elle est enrichie, VHistoirede Léon X sera donc bien venue de l'érudit. Elle ne sera pas non plus sans charmes pour l'homme du monde ; car, contrairement aux historiens les plus distingués de nos jours, M. Audin a pensé que l'histoire ne perdait ni de sa di- gnité, ni de sa véracité à endosser un vêtement convenable, et qu'on pouvait se montrer narrateur précis et clair en mêlant, à la précision et à la clarté, la netteté du langage et la grâce de la période. Ce n'est pas que YHistoire de Léon X soit tracée à grandes lignes et qu'elle procède directement de Bossuet et des écrivains habiles à grouper dans un même tableau, dans un cadre unique, des événe- ments enchaînés les uns aux autres, et tellement liés par une pensée commune, qu'on ne peut en détacher quelque partie sans nuire à l'ensemble ; non, la manière défaire de M. Audin tient de la mosaïque plutôt que de la statuaire : son Å“uvre n'est pas une grande toile avec ses premiers et ses deuxièmes plans, son ciel et ses ombres ; c'est un assemblage de médaillons évidés, ciselés, disposés avec art.L'Histoire de Léon X est une série de chapitres, charmants feuillets qui tous peuvent être détachés de la souche commune, parce qu'ils sont eux-mêmes, et chacun en soi, une Å“uvre finie, à laquelle rien ne manque de la pensée, de la forme et des contours. La phrase de M. Audin n'est pas pompeuse et membrue comme la période de Mirabeau, incisive et pittoresque comme celle des Provinciales ; chaude, soyeuse et veloutée comme la prose de Théophile Gauthier; elle est tout simplement claire, précise, substantielle sans être abondante, assez dramatique et suffisamment colorée pour entraîner le lecteur. De la phrase à la page, de la page au chapitre, M. Audin vise Ã