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I.'ULTRAMONTANISME. 149 e Le XV siècle arrive: le schisme d'Occident éclate ; la papauté a plusieurs têtes, c'est-à -dire que le schisme est dans l'état comme dans l'église. Ne faut-il pas en dire autant de la royauté quand il y a deux rois en France, l'un français, l'autre anglais? Les conciles de Bâle, de Constance se révoltent : c'est aussi le moment d'explo- sion des communes de France,des cortès d'Espagne,des parlements d'Angleterre. Le concile dépose le pape, l'état dépose l'empereur et deux rois.... la ressemblance de la constitution religieuse et de la constitution politique a produit dans la société cet accord qui fait la beauté propre du moyen-âge. » La réforme vient rompre cette unité ; le concile de Trente n'est plus la réunion œcuménique de la chrétienté, il n'a plus comme les précédents ses racines dans toutes les nations, l'Italie et la papauté y dominent jusqu'à l'exclusion, cent-quatre-vingt-sept prélats italiens s'y trouvent vis-à -vis de deux allemands, vingt-six français, trente- deux espagnols. Néanmoins, la partie de l'Europe restée catholique, l'Autriche, le Piémont, l'Espagne, la France même se règlent, dans leur constitution, sur le modèle fourni par l'Eglise après ce con- cile. « Le pape disait : l'Eglise, c'est moi, le roi de France répond : l'Etat,c'est moi. La société se règle par des ordonnances, la catho- licité par des bulles. L'ancien accord des deux puissances est ainsi conservé jusqu'au bout. Qu'il l'avoue ou qu'il le nie, le pouvoir temporel se conforme, encore une fois, au pouvoir spirituel ; l'u- nité de la société est sauvée, grâce à une même servitude. » « La'Révolution française vient détruire cette savante unité, c'est elle qui a renversé le droit public, fondé, en principe, dans les états catholiques, sur le concile de Trente. Pour la première fois, depuis que la catholicité existe, le monde temporel change, sans y être provoqué par un mouvement correspondant de l'Eglise. De- puis le concile de Trente jusqu'en 1789, la forme du droit dans l'Europe catholique est restée immobile. L'état, pendant deux siè- cles, attend que l'Eglise fasse la première un pas ; mais l'Eglise demeure pétrifiée comme la femme de Loth. Alors la France, faisant à la fois une œuvre religieuse et séculière, s'élance toute seule à ses risques et périls dans cet avenir où elle n'a plus de guide qu'elle-même. Elle réalise des gouvernements de discussion libre,