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150                     L'ULTRAMONTANISME.
tandis que l'idéal qui continue à planer dans Rome s'attache de
plus en plus à la monarchie absolue... Tous ces rapports sont ren-
versés, c'est aujourd'hui le monde laïque qui traîne à sa suite le
monde spirituel. »
          « L'Eglise qui renferme d'abord tous les éléments de la vie
sociale, se dépeuple peu à peu au sortir du moyen âge. A chaque
époque des temps modernes, une institution, un élément de vie s'en
détache, ©'abord c'est l'état qui s'en sépare et devient laïque; puis
l'art qui devient grec ou romain ; puis la liberté individuelle qui
s'identifie avec le protestantisme. A la fin, tous les schismes sont
résumés dans le plus grand, le plus irréconciliable de tous, dans le
schisme de la science et de l'Eglise. »
    Ce schisme est aujourd'hui entièrement consommé. Les sciences
naturelles ont pris un essor immense depuis le siècle dernier, leur
application à l'industrie ouvre à l'humanité un ordre immense de
développements, une société nouvelle en jaillira; et l'Eglise, jadis
source unique de la vie de l'esprit et de la vie sociale, n'a ni prévu
ni favorisé ce développement ; il s'est accompli tout à fait en dehors
d'elle, et on peut le dire malgré elle. Il n'est pas nécessaire pour le
prouver de remontera Galilée, à Vanini, à Giordano Bruno et à
Dominis, il suffit de contempler l'attitude de l'autorité spirituelle vis-
à-vis de la science depuis le commencement de notre siècle. On
objectera que l'Eglise n'a jamais réprouvé formellement et officielle-
ment le mouvement scientifique et industriel de notre ère, mais on
ne peut contester qu'elle lui a fait une opposition latente ; à tout le
moins est-il évident qu'elle n'en a pas la direction, et ce seul fait
suffit pour rompre l'unité telle que la conçut le moyen-âge, et telle
que quelques esprits la rêvent encore aujourd'hui. Il serait superflu
de prouver que les arts, la littérature, la poésie, depuis la renaissance,
sor. t tout à fait en dehors de la direction de l'Eglise. La tradition
grecque et romaine a régné souverainement chez nous jusqu'au
mouvement de rénovation littéraire qui date de quelques années.
Et si,depuis lors, des éléments tout à fait nouveaux et étrangers à la
'iitéralure classique ont été introduits dans notre poésie, si une
effluve plus abondanle de l'inspiration chrétienne figure entre ces
nouveaux principes de poésie, il n'y a que des esprits étrangemcn'