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J 48 L'ULTRAMONTANISME. minier, c'est celle qui porte sur la nature de l'unité religieuse dont M. Quinet affirme trouver déjà les fondements dans la so- ciété civile; on ne l'accuse de rien moins que de vouloir se faire le révélateur d'un dogme nouveau, tout ceci n'est encore que de la mauvaise foi. Négligeant tous les détails à l'aide desquels on peut par d'adroits rapprochements faire illusion sur la pensée du livre, nous allons brièvement exposer cette pensée telle qu'elle apparaît à un lecteur de bonne foi. L'histoire des sociétés chrétiennes comme celle des sociétés an- tiques, offre un moment où tous les ordres de développement de l'esprit humain dérivent de l'idée religieuse, où la hiérarchie re- ligieuse de l'église renferme avec le dogme, la source de la politi- que, de la science et de l'art. Le prêtre, outre les mystères divins, possède aussi le savoir humain dans sa plus haute puissance; les sciences physiques elles-mêmes sont subordonnées au dogme révélé, l'artiste ne puise son inspiration que dans sa communica- tion avec la parole sacrée. A cette époque, la domination de la société religieuse sur la société civile, est un fait providentiel et légitime. Tant que l'église fleurit, lors même que l'empire de l'intelligence commence à se partager entre le prêtre et le laïque, le gouvernement de l'église est l'idéal vers lequel ne cessent de graviter les gouvernements politiques. « Quand Pévêque est nommé par l'acclamation du peuple, le roi de la société naissante est élu de la même manière, le peuple l'é- lève sur le pavois. Plus tard les évoques forment entre eux une sorte de république féodale, image et type de la féodalité des barons ; ceux de Paris disent du pape qui commence à surgir : s'il vient pour nous excommunier, c'est nous qui l'excommunierons. Si excom- municaturus venit, excommunicatus abibit. N'est-ce pas trait pour trait la situation de la royauté dans les langes, encore envelop- pée par la puissance des seigneurs? Grégoire VU et ses successeurs, appuyés sur la plèbe des ordres mendiants, répriment, humilient les évêques ; ils fondent la monarchie spirituelle. N'est-ce pas dans toute l'Europe chrétienne le signal, pour la monarchie temporelle, de sui- vre la même voiePLouis-le-Gros, Philippe-Auguste, autant d'ombres qui marchent dans l'imitation des papes des siècles précédents. »