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IVe ET V e SIÈCLES. 123 côté, le superbe palais des Anicii, avec les nombreux logements des affranchis et des esclaves; de l'autre, la mansarde où se réléguait le poète Codrus, avec un grabat plus court que sa Procula,etun vieux coffre dé- positaire de quelques livres grecs, poèmes divins que rongeaient des rats ignorants (1). Tel était l'état de Rome, sous le règne d'Honorius, au moment où les Goths en formèrent le blocus. Théodose était mort au mois de janvier 395, lais- sant l'Empire à des mains trop faibles pour le défendre contre les menaçantes invasions des peuples du Nord. L'intrépide Alaric se jetait, avec ses Goths, sur les belles provinces de la Grèce, qu'il traversait comme au pas de course, avant de se jeter sur l'Italie. Vainement Stilichon le battait à Pollentia (29 mars 403), ville aujourd'hui ruinée, et qui n'était pas fort éloignée de Turin (2) ; vainement ce valeureux général triom- phait trois ans plus tard (31 décembre 406) de Rha- dagaise, qui avait assiégé Florence, et menacé Rome livrée aux hésitations de son pâle sénat : trop d'in- vasions çt de calamités éclataient sur tons les points; le dernier appui de la République, ce même Stilichon, périssait à Ravenne, accusé plutôt que convaincu de trahison , et décapité par ordre du faible Honorius (23 août 408). Dès ce moment, et sa marche se trouvant facilitée par les misérables intrigues qui se remuaient autour d'un empereur incapable de résolutions fermes et (i) Ibid., 2o3 etseqq. Gibbon, chap. xxxi. (2) Cluv., Italia antiq., lom. r, pag. 83-85.