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124 TABLEAU ET SAC DE ROME. constantes, Alaric s'approcha de Rome, intercepta toute communication avec les campagnes environ- nantes, ferma la navigation du Tibre, et mit la fa- mine dans la ville. Bientôt survint la peste, et, chez une population habituée aux jouissances du luxe, on vit des horreurs semblables à celles du siège de Jérusalem : il y eut des malheureux qui s'entredé- vorèrent ; il y eut des mères qui en vinrent à se nourrir de la chair de leurs enfants à la mamelle (1). Les Romains n'avaient plus de ressource que dans la commisération du chef des Goths, et lui envoyèrent deux ambassadeurs. Ceux-ci, prenant un langage plus haut que ne le permettait leur situation, parlèrent de nombreux guerriers et de citoyens animés par le désespoir, si Alaric n'accordait pas une capitulation honorable. — Plus l'herbe est serrée, mieux aussi la faulx y mord. Le roi des Goths accompagna ces paroles d'un éclat de rire insultant, et demanda une énorme rançon, des monceaux d'or et d'argent, des meubles précieux, tous les esclaves d'origine barbare. — 0 roi, si telles sont vos volontés, que comptez- vous laisser aux Romains ? — La vie. Néanmoins, il rabattit de ses exigences, et leva le siège (408), après avoir reçu cinq mille livres pesant d'or et trente mille livres pesant d'argent, quatre mille robes de soie, trois mille pièces de fin drap d'écarlate, et trois (i) Sainl Jérôme, heures tom. v, pag. 3o8.