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92                LE CHATEAU DE LA PAPE.

pays, les monuments qui voient passer des siècles, disparaître
des nations, s'éteindre les races, nous racontent l'histoire des
<1ges qui ne sont plus; histoire toute nationale, intéressante
pour ceux à qui nos vieilles mœurs offrent un charme incom-
parable, et pour ceux qui veulent savoir par quels efforts
chaque pouce du sol français a été conquis, possédé, agrandi,
défendu et civilisé.
   Le vieux sol du Lyonnais, mieux partagé que quelques pays
voisins, est riche en antiques châteaux, dont quelques-uns
ont retenti des cris de guerre des chevaliers, des lais des mé-
nestrels, et s'honorent de sièges soutenus dans les luttes in-
testines qui ont si souvent déchiré la France; les autres, d'un
moindre prix comme étude, de peu de valeur dans la balance
de l'histoire, sont encore dignes d'être admirés comme cons-
truction. De ce nombre est le château de la Pape, à une
lieue de Lyon, sur la route de Genève. Là, point de tours en
ruines, ni de remparts écroulés; c'est un bel édifice composé
d'un corps de logis et de deux pavillons latéraux, et qui em-
prunte son plus grand mérite de sa situation; sa masse im-
posante et gracieuse à la fois se dessine sur un amphithéâ-
tre pittoresque ; une terrasse s'étend devant la façade méri-
dionale, d'où la vue s'élance à gauche à travers les plaines
du Dauphiné jusqu'aux Alpes, et à droite, sur Lyon, les co-
teaux de la Croix-Rousse et de Sainte-Foy jusqu'au Mont-
Pilat. A ses pieds, le Rhône dessine de gracieux méandres
autour d'une multitude de petites îles couvertes d'arbres et
de verdure; un bois magnifique couronne la colline sur la-
quelle s'élève le château, et la teinte sombre de ses beaux ar-
bres contraste merveilleusement avec les bosquets de bou-
leaux, de peupliers, qui entourent le manoir de leur frais
ombrage.
  La tradition veut qu'un-ermite ait vécu longtemps dans'un
bois qui existait à l'extrémité de celte propriété, au dessus