page suivante »
88 CHRONIQUE. de Liszt, qu'est venue se produire, pour la première fois au milieu de nous, la belle voix de M. Alizard, première basse de l'Opéra. Ce chanteur, qui pos- sède de remarquables notes basses et une excellente prononciation, a tort, selon nous, d'attaquer les rôles écrits pour la voix de baryton, comme ceux de Guillaume Tell et d'Alphonse de la Favorite. Dans cet alternatif service, sa voix se fatiguera et perdra les qualités nécessaires à l'un et à l'autre de ces emplois. Qu'il y prenne garde. Nous devons savoir gré à l'Administration de nous avoir fait connaître le talent de M. Alizard ; elle nous fait ainsi apprécier tout ce que vaut notre basse Poitevin. Au jovial Achard, a succédé, sur la scène des Célestins, le premier comé- dien d'Europe, Bouffé. Il vous arrache des larmes aussi facilement qu'il pro- voque le rire. Constant observateur de la nature, il reproduit avec une exacte fidélité et un goût exquis tous les traits d'une physionomie, que ce soit celle de Girard, l'ex-danseur, ou celle de l'avare père Grandet. Il arrive par les moyens les plus naturels et les plus simples aux plus émouvants effets. Aussi sa première représentation a-t-elle été pour lui un continuel triomphe, et le pu- blic n'a pas voulu se séparer de l'artiste sans le rappeler et lui jeter de nou- veaux bravos, de nouveaux applaudissements. Devant un tel artiste le goût du public se forme et s'épure, et certains de nos acteurs qui se donnent tant de peine pour ne pas être vrai, y peuvent puiser d'excellentes leçons. CHRONIQUE. Un journal de Lyon donne les détails suivants sur des objets antiques dé- couverts au Mont-Cindre : « Ces objets ont été trouvés au sommet de la montagne, à quelques pas seulement de l'hermitage et à la naissance méridionale du plateau; c'est en creusant la terre pour y jeter les fondations d'une maison, qu'ils ont été dé- couverts. Ils se composent de nombreuses pièces de monnaie en cuivre de la forme et de la grosseur d'un sou simple ; sur plusieurs de ces pièces on re- connaît aisément une tète d'homme couronnée de lauriers, et on y lit en exer- gue ces mots latins : Augustus pater... et sur les revers : Imper.. Reipublieœ... « On a trouvé encore une clé bien conservée, suspendue à une triple chaîne. Ces objets étaient enfouis à peu de profondeur et renfermés dans une urne en terre cuite, brisée imprudemment par la pioche des ouvriers. Les débris de celte ume font augurer qu'elle était de grande dimension. De nom- breux restes de briques, dont l'origine gallo-romaine ne saurait être mise en doute, font supposer que des constructions avaient été établies sur ce sol élevé. »