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78                    CRITIQUE LITTÉRAIRE,

       Un proverbe le dit : la preuve est assez forte ;
       Envers ce roi de Perse il agit d'autre sorte., etc.
   En lisant ces vers et beaucoup d'autres, il y a Heu de s'af-
fliger sur le petit nombre de compositions de ce genre, impri-
mées par leur auteur. Avec ce tour ingénieux, cette finesse
d'ironie et cette parole toujours souple, n'y avait-il pas de quoi
se faire une gloire solide et durable ? Mais non, on dirait que
Nodier n'a jamais songé qu'à montrer ce qu'il aurait pu être.
Cette preuve donnée, il s'en allait s'essayer ailleurs. Je ne di-
rai pas quelle diversité, mais quelle antipathie parfois entre
les travaux dont il a semé sa vie ! Qui croirait que l'auteur de
Trilby et de la Fée aux miettes a fait des découvertes et pu-
blié des ouvrages d'entomologie et s'est montré constamment
amoureux de linguistique au milieu de son inconstance dans
les Å“uvres d'imagination ?
   Nous ne devons pas oublier de rappeler que Nodier, déjà
vétéran de la litérature en 1830, favorisa de ses sympathies et
de ses éloges, les essais de l'école moderne. Il avait cherché,
sans les atteindre, les nouveautés et les hardiesses du roman-
tisme, il y eut générosité à lui de les accueillir et de les défen-
dre dans autrui. Il le fit avec une bienveillance si dévouée
qu'il sembla avoir oublié le soin de sa gloire. Et pourtant,
dans cet esprit, mélange de la tradition et de l'avenir, où lut-
taient des aspirations et des souvenirs divergents, s'il y avait
assez d'enthousiasme pour admirer les essais dans les voies nou-
velles, il y avait aussi assez de raison pour en sentir les dan-
gers et les excès, mais il avait pris pour devise ces vers cités
dans sa Préface aux Méditations de Lamartine :
       .... Ubiplura nitent in carminé non ego paucis
       Offendar maculis.
  De tout ceci il résulte que Nodier ne saurait être rangé
parmi les écrivains d'inspiration : chez ceux-ci, la création est