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SUR L'ÉGLISE DE BROC 45 l'a créé, et offre de toutes paris l'individualité de sa fondatrice? Indépendamment de ces tombeaux où reposent les figures mortes et vivantes de Marguerite et de Philibert, au tympan de la grande ouverture de la façade, aux vitraux du sanctu- aire, ifs adorent à genoux J.-C. ou la Ste-Vierge, assistés de leurs saints patrons ; partout leurs chiffres unis par des lacs d'amour sont sculptés sur les moulures ; partout leurs écus- sons armoriés, partout en caractères déliés la devise de l'in- fortunée Marguerite, son dernier cri de douleur; partout aussi brille la corolle radiée de sa fleur symbolique. M. Baux, tout pénétré qu'il est du goût littéraire de la princesse, voit, attachée par un cordon finement sculpté, à la tige de cette fleur, «une plume, symbole de l'intelligence, au- tre titre de noblesse, revendiqué par la fille des empereurs : » c'est une pensée fort ingénieuse sans doute, mais, selon nous, elle repose sur une erreur de fait. Au lieu d'une plume, nous avons toujours vu là une palme, attribut de sainte Marguerite, vierge et martyre, patronne de la princesse et dont la figure est plusieurs fois peinte ou sculptée dans le monument. Cette palme nous paraît une modification pieuse à ce fastueux éta- lage dans un temple chrétien de toutes ces pompes terrestres ; et, d'ailleurs, on y voit aussi entrelacés les lys de Marguerite de Bourbon ; ils indiquent que tous les emblèmes ne se rap- portent pas exclusivement à la fondatrice. Dans cette église éminemment aristocratique, la façade prin- cipale est le riche frontispice des merveilles du sanctuaire. Mais du seuil de son ouverture jusqu'au transept, nul ornement ; c'est la part réservée au peuple. Cette nudité marquerait-elle donc cette ligne prononcée que les grands alors traçaient entre eux et le peuple?ou bien serait-ce une pensée d'artiste à l'effet d'un contraste? M. Baux n'a pas assez accusé ce défaut d'or- nement, singularité des plus notables dans un monument où le style fleuri a sa plus grande expansion.