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46 RECHERCHES L'entrée du sanctuaire, quoique dépouillé de ses belles briques émaillées, présente aux yeux éblouis une prodigieuse agglomération de richesses dans un espace limité. C'est cer- tainement le musée le plus curieux de l'art à cette époque. Au revers du jubé et aux faces latérales sont des stalles en chêne bruni par le temps, et d'une si surprenante exécution de ciseau, d'un détail sifinique le monographe, sous peine d'être un peu long, doit renoncer à toute description minutieuse. Sur cette grande boiserie, sculptée en relief et délicatement cise- lée, sont des scènes de l'Ancien Testament, des statuettes de patriarches, des prophètes inspirés, sous leurs dais brodés, des chimères effrayantes, des anges, des figures sardoniques ou d'une bestialité horrible, puis avec profusion tout le genre or- nemental du monument, des choux frisés et des crosses végé- tales, l'élégante colonnelte coudée, des rinceaux et des arabes- ques, des festons et des galeries où le lobe subit sa charman- te dépravation, immense et minutieux travail ^orfèvrerie qui confond l'imagination et qui vous laisse toujours partir avec le regret de n'avoir pas tout vu. Après ces stalles, sont les fameux tombeaux en marbre blanc des deux princesses et le tombeau de Philibert au mi- lieu. M. Baux est l'intelligent interprète du langage muet de ces trois augustes personnages, couchés vivants sur les tables supérieures : il a très bien décrit la grâce ravissante de ces génies qui les entourent et de ces figurines qui pleurent, ou qui représentent des vertus symboliques près des mêmes per- sonnages morts, dont les corps presque nus sont sculptés étendus, dans l'intérieur, visibles par des ouvertures d'un tra- vail exquis; et l'indicible opulence du dais de Marguerite d'Autriche et le tombeau de Marguerite de Bourbon, moins remarquable, et qui serait encore partout ailleurs une mer- veille. Bien qu'il ait avec le même talent descriptif reproduit