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42 RECHERCHES Sa monographie s'ouvre par un contraste ingénieux, d'un effet saisissant. Pour démontrer « que tout monument révèle à l'œil qui sait l'observer son époque, sa destination spéciale, et la pensée qui a motivé son érection, » il compare et décrit en traits caractéristiques les deux églises ogivales, élevées à Bourg dans les premières années du XVIe siècle, l'une plé- béienne et roturière avec les modestes chapelles de Saint- Roch, de Saint-Crépin et de Saint-Joseph, représentants des classes laborieuses ; l'autre, église princière, étalant les in- signes les plus éclatants des grandeurs terrestres. A ce commencement du XVIe siècle, Bramante jetait les fondations de Saint-Pierre-de-Rome, chef-d'œuvre gigan- tesque de la Renaissance : il portait, avec Michel-Ange, l'art italien à son apogée, lorsqu'à celle même époque, un maître architecte de Flandre décorait ainsi pour le deuil faslueux d'une princesse le dernier monument du style ogival. Cet art du moyen-âge, après avoir élevé de sublimes basi- liques, au bout de sa période de trois siècles, « se recueillit dans un dernier effort et se construisit à lui-même son tom- beau dans l'église de Brou (1). » Mais, quelque effort qu'il ait fait pour cette expansion finale, il a laissé, empreintes sur ce monument, les marques de sa décadence. Soumise à la loi inflexible des choses, sa vieillesse pouvait-elle avoir l'élan et l'énergie d'un âge plus vigoureux ? Le plan de l'édifice d'un style peu relevé, sa façade tourmentée par la complication des lignes et la multiplicité des détails, façade pittoresque d'ailleurs, ses voûtes abaissées, ses piliers énormes eu égard à leur élévation, son clocher, un peu lourd, relégué tristement près du chevet, le cintre surbaissé occupant la place de l'ogive dans les ouvertures d'entrée, tous ces signes n'altestent-ils pas une architecture (r) SI. Quinet, Brou.