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SUR L'ÉGLISE DE BROU. 43
vieille et défaillante ? Ces défauts de l'âge, par nous groupés
dans une phrase, M. Baux ne pouvait les omettre ni les af-
faiblir dans sa monographie ; mais pénétré d'admiration
pour les mille beautés qui les rachètent, il les a mention-
nées avec la réserve que prescrivent tant de compensations.
Si l'architecture ogivale, Ã son dernier terme, substituait
la profusion des ornements à la sévérité et à la vigueur
des lignes, si elle accusait ainsi sa dégénérescence, la scul-
pture et la peinture, l'art de peindre sur verre et sur émail,
l'art de la ciselure, enfin, l'art proprement dit arrivait à sa
transformation, avec sa verve et sa richesse, sans perdre toute
sa naïveté, sa physionomie pittoresque, sa finesse exquise ;
il avait encore acquis, par le temps, de la pureté dans les
lignes et un certain reflet du beau idéal de la Renaissance ;
son progrès allait jusqu'à l'adoption du nu. On est saisi d'ad-
miration à Brou, en contemplant ces statues des tombeaux,
sculptées aux portes de l'Italie par des maîtres simples et
modesles, dont les noms sont à peine arrivés jusqu'à nous,
et qui n'ont eu aucune communication avec les artistes su-
perbes de Florence et de Rome. Ces maîtres imagiers n'ont
pas, sans doute, le grand goût italien, sa science anatomique,
ses poses étudiées et ses éludes de l'antique ; mais en re-
vanche ils ont un charme de simplicité, de grâce naïve, d'ex-
pression pittoresque et une aussi grande habileté de main.
Ces considérations expliquent les défauts et les beautés de
Brou.
Démontrant d'abord le type architectural de cette église,
bâtie par un seul architecte flamand, sur la prescription
d'une fondatrice flamande, M. Baux le constate, Ã l'aide d'in-
dices qui ne se rencontrent que dans les Pays-Bas, de Bruges
ii Strasbourg; tels sont, entre autres indices, son pignon suraigu
aux côtés recourbés, masquant le toit par son développe-
ment ; son magnifique jubé, brodé à jour, semblable à celui