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SDK L'ÉGLISE DE BROU. 37 de Vautre, elle saluait la foule, pendant qu'à sa droite, sur un cheval fougueux et souple, caracolait le beau duc Phi- libert, ravi de l'enthousiasme qui éclatait sur le passage de sa noble épouse Les syndics, un genou en terre, pré- sentèrent au duc et à la duchesse les clés de la ville. Alors le chef de la municipalité, noble Jehan Palluat, débita une harangue, hérissée, suivant la rhétorique de l'époque , de pensées bizarres, d'expressions ampoulées, de pointes, de calembourgs.... Entré dans la ville, le cortège ducal mit pied à terre ; alors s'avancèrent auprès de la princesse deux personnages, noble Geoffroy Guillot, capitaine de la ville, et Thomas Bergier, l'avocat fiscal. Au premier, le Conseil avait réservé l'honneur d'expliquer à la princesse le sujet des mystères, moralités et allégories qui allaient être r e - présentées. La fonction de l'avocat fiscal consistait à tenir dé- ployé sur la tête de la princesse un poêle en manière de dais portatif. » Pendant trois années d'amour et de bonheur, nous voyons encore Marguerite, gracieuse souveraine, présider aux fêtes et aux tournois dans lesquels Philibert-Ie-Beau signale sa vigueur et son adresse ; et, joignant aux charmes de son esprit une rare aptitude aux affaires, prendre en main le gouvernement du duché, abandonné, avant elle, à l'omnipo- tence de René, bâtard de Savoie. Parfois aussi elle accompagnait son époux dans ses chasses fréquentes pour modérer sa bouillante ardeur; hélas! tendres et justes allarmes ! ce prince devait bientôt périr victime de ce goût effréné. Il chassait, un jour d'excessive chaleur, dans la plaine de Loyette, sur les bords du Rhône ; s'élant arrêté, couvert de sueur, à St-Vulbas, auprès d'une fontaine, pour s'y rafraîchir, il mourut de cette imprudence quelques jours après , au château du Pont d'Ain, dans les bras de Marguerite.