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38 RECHERCHES Nous ne dirons pas le désespoir et la déchirante douleur de cette malheureuse princesse; il faut en lire le touchant récit dans le livre de M. Baux. Le prince fut inhumé pompeusement au prieuré de Brou. La plaie que fit au cœur de Marguerite celte perte cruelle ne se ferma jamais, elle n'eut plus qu'une seule pensée de deuil : élever à son époux, à elle-même, un tombeau pour y réunir leurs dépouilles mortelles, pour être, selon la belle expression d'un poète contemporain, leur dernière couche nuptiale. L'exécution de ce projet de deuil accomplissait encore un vœu de Marguerite de Bourbon, mère de Philibert-le-Beau. Dans cette même plaine, où ce prince avait trouvé la mort, son père, chassant aussi, avait fait une chute de cheval dan- gereuse. Marguerite de Bourbon fit vœu, si son époux gué- rissait, de fonder à Brou un couvent de Bénédictins, mais, prévenue par la mort, elle en avait légué l'accomplissement à son fils. En résumant les diverses phases de cette trilogie nuptiale, dont le dernier acte est d'une péripétie pathétique, l'historien de Marguerite nous apprend que cette princesse avait adopté une devise, après chacun de ses infortunés mariages. La dernière de ces devises, expression figurée de sa douleur, est encore le corollaire des deux autres; elle est inscrite en cent endroits, au mausolée de Brou : FORTUNE INFORTUNE FORT UNE. Quoique plusieurs écrivains anciens en aient expliqué le sens, cette devise a été énigmatique jusqu'à ce jour par l'effet du jeu de mots qu'elle présente, comme c'était alors de mode. Grophceus, contemporain de la princesse, et qui a fait un poème latin à sa louange, l'a traduit ainsi : fortuna in- forlunat fortiter unam. La fortune infortune (persécute) fort