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10                     LA POÉSIE EN RÊVE.

     C'était l'homme isolé cheminant dans l'espace,
     Pèlerin en exil au vallon des douleurs,
     Roseau né sans racine, ombre qui souffre et passe
     En cherchant mille biens qui fleurissent ailleurs ;


     C'était de la vertu la lutte haletante
     Contre l'esprit du mal sur la terre affermi,
     Et son long sacrifice accompli dans l'attente
     Du Dieu qui la contemple avec un Å“il ami ;


     C'était l'amour, parfum tombé sur notre terre
     De ce doux paradis que toute ame a rêvé,
     Avant-goût d'un nectar dont rien ne désaltère,
     Aurore d'un soleil non encore levé;


     C'était l'art, juste orgueil de la pensée humaine,
     Extase où nous perdons tout souvenir du mal,
     Pressentiment d'un monde où le desir nous mène,
     Échelle aux marches d'or montant vers l'idéal.


     Le poème divin grandissant à mesure,
     De degrés en degrés montait â ces hauteurs,
     Où, d'un foyer brûlant que la lumière azuré,
     Le principe éternel coule à flots créateurs.


     Et je voyais passer, bien au delà des nues,
     Au milieu de l'élher qui n'a pas de confins,
     Mille créations de la terre inconnues,
     Spectacles réservés à l'œil des séraphins.