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                   LA POÉSIE EN RÊVE.                  11

Et du volume saint toujours chaque pensée
M'arrivait à la fois sous trois modes divers :
Verbe immatériel, image retracée*
Et son mélodieux modulé par le vers.


De plaisirs confondus, ineffable mélange !
Volupté de l'esprit, de l'oreille et de l'œil,
Telle que, dès ce jour, elle existe pour l'ange
Et que nous l'atteindrons au delà du cercueil.


Sous ce triple bonheur ma débile nature
Ployait comme un roseau secoué rudement,
Lorsque le dernier son de l'étrange lecture
Mourut et du réveil pour moi fut le moment.


Tout fut fini : mes yeux rouverts dans la nuit noire
Près du chevet désert n'aperçurent plus rien,
Rien, ni volume d'or, ni chaise aux bras d'ivoire,
Ni radieuse vierge au corps aérien.


Triste déception de mon ame frustrée !
Hélas ! il échappait désormais à mes sens
Ce symbole inouï d'une langue éthérée
Dont j'avais recueilli quelques vagues accents.


Comme un nuage, au soir, qu'une brise dissipe,
Comme un écho perdu dans les airs spacieux,
S'était évanoui ce magnifique type
Du poème idéal, tel qu'on l'écrit aux cieux ;