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                  LA POÉSIE EN RÊVE.

Et la parole avait une lumière en elle,
Lumière, vif éclat, pur éblouissement,
Qui dans l'ame limpide entrait par la prunelle,
Comme un joyeux soleil dans le bleu firmament.


A travers les rayons et les accords, l'idée
Apparaissait toujours dans sa chaste fraîcheur,
Comme, à travers les flots dont la rive est bordée,
La perle qu'entrevoit l'œil perçant du pêcheur.


Ce qu'exprimait ainsi cette langue inconnue,
Cette langue, à la fois esprit, sons et clarté,
C'était tout ce que l'ame, ici-bas pauvre et nue,
A deviné, senti, compris ou médité:


C'était l'être incréé de qui naît toute chose,
Créateur dont l'amour engendre incessamment,
Qui, toujours immobile, en lui-même repose,
Voilé de l'infini comme d'un vêtement ;


C'était l'œuvre de Dieu, couvant dans sa pensée
Les moules éternels où les mondes se font,
Et la création dans l'espace lancée
Comme un puissant vaisseau sur une mer sans fond ;


C'était l'humanité qui s'agite et fourmille
Sur les flancs de ce globe emporté dans l'azur,
Et dont l'Esprit d'en haut dirige la famille
Vers un but éclatant couvert d'un voile obscur;