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6 LA POÉSIE EN RÊVE. El maintenant, rentré dans ma haute cellule, Sous le doigt du sommeil j'avais plié mes yeux, Et les songes ailés, enfants du crépuscule, Inclinaient vers mon front leur vol capricieux. Et leur blanche baguette ouvrait pour moi la sphère Où s'en vont, chaque soir, voltiger les esprits ; Où, de tout ce qui fut, existe ou doit se faire, S'agite quelque chose, ombre, germe ou débris. Monde étrange, peuplé de vaines apparences, Domaine enveloppé de nuages touffus, Où s'élève, la nuit, l'aile des espérances, Où retourne l'essaim des souvenirs confus. Alors, à mon chevet, je crus voir apparaître Un fantôme vêtu de sacrés vêtements. En quels cieux ignorés avait-il reçu l'être? Il faudrait, pour le dire, un des vieux nécromans ; Des rayons de là -haut la paupière inondée, Il faudrait avoir lu le feuillet clandestin De ce livre où jadis les mages de Chaldée Traçaient obscurément les choses du destin. La forme s'approcha : j'entrevis une femme. D'une femme, du moins, elle imitait le corps -, Mais jamais les beautés qui rayonnent de l'ame Ne se mêlèrent mieux en lumineux accords.