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292                   VINGT-SEPT ANNEES

 paix; car elles ont rarement à redouter les rondes de nuit ».
    Parmi « les célébrités de l'armée » d'Afrique, ainsi
 mises à mal par un homme loyal entre tous, il en est au
 moins une qui perd énormément à la publication des Lettres
 adressées à Castellane : c'est le généralChangarnier. Camille
 Rousset avait bien raconté les démêlés de ce général avec le
'Maréchal Bugeaud, et les Mémoires de Trochu nous avaient
 fort mal édifié sur le caractère d'un homme qui avait de
 grands talents militaires et de la perspicacité politique, puis-
 qu'il écrivait le 17 février 1848 : « Sur presque toutes les
 questions, c'est le propre de la politique actuelle de com-
 promettre l'avenir pour conserver la fausse tranquillité du
 moment (1) », mais que son incroyable suffisance perdit
 en 1851, dans sa lutte contre le Président Louis-Napoléon.
    Les Lettres de Changarnier, que publie Mme la comtesse
 de Beaulaincourt-Marles, le condamnent sévèrement. On y
 voit un homme d'un orgueil insupportable, qui gâte le récit
 de ses plus beaux faits d'armes, comme l'expédition de Mas-
 cara, la retraite de Constantine et l'affaire de Blidah.
   Voici ce qu'il écrit après l'expédition de Mascara, à la fin
d'une lettre « d'une longueur effrayante » :
   « Quand le colonel a reçu l'ordre d'établir les avancements
et décorations, toutes les prescriptions étaient numériques ;
pour moi seulement il y avait cette phrase : « Fous propose-
« rez le capitaine Changarnier pour chef de bataillon. » Je suis le
seul officier de l'armée pour qui un semblable ordre ait été
donné nominativement. Je dois cette faveur à l'affaire de
Sidi-Rombarat... Le Prince (le duc d'Orléans), m'a traité
avec une bonté extrême : quatre fois, c'est-à-dire toutes les



   (1) I, p. 529.