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DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE 293 fois que je me suis trouvé à sa portée, il m'a. dit. les choses les plus obligeantes. Un jour, en coupant la colonne devant la tête de mon bataillon, il dit au Maréchal (Clauzel), de' manière, à -être entendu de moi et de tous ceux quf entou- raient : « C'est le capitaine' Changarnier, qui s'est si bien « conduit a Sidi-Rombarat » ( i ) , et tous deux me saluèrent de la tête et de la main. » Il raconte la retraite de Constantine avec un luxe de détails qu'on lui pardonnerait, s'il n'ajoutait à propos du passage de la Seybouse : « On disait chaque jour au quar- tier généra! : le commandant Changarnier passera !... L'heure de l'ingratitude aurait-elle déjà sonné ? Je ne le crains point de la part du Maréchal, qui est parfait pour nous. Je. ne le crains non plus de la part de l'armée : officiers et soldats n'ont que des éloges chaleureux et sincères pour le 2 e léger. Mais j'entends dire que le second rapport détaillé, destiné à accompagner auprès du ministre les demandes du Maréchal, obscurcit un peu la brillante conduite du bataillon et sem- ble mettre en parallèle des corps qu'une injustice flagrante pourrait seule lui comparer. On ne devait pas dire, je le sais, que ce bataillon, réduit à 250 hommes, a sauvé l'armée; cela est vrai pourtant ; mais il y a des vérités dont il est difficile de convenir. Mais pourquoi nous mettre sur la même ligne que tels personnages dont l'ardeur guerrière a été au niveau du thermomètre devant Constantine, fort au-dessous de zéro ? Pourquoi nous accorder moins de citations qu'à tel corps qui n'a rien fait ? » « Personnel à un degré inimaginable », Changarnier juge les hommes uniquement d'après leur façon d'être avec lui. Ainsi, il accuse d'abord (I, p. 128) le général Rulhière de « sotte haine t> à son égard, « de calomnies tant auprès du Maréchal (Valée) qu'auprès du général Cubières, dont il dit N° 5. — Xovembre 1S90. 21