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                  DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE           205

Napoléon) m'a serré plusieurs fois les mains avec la plus
grande effusion. Notre victoire aurait ét'é complète, si nous
avions eu de la cavalerie pour poursuivre les Russes. Sur
douze cents de mes zouaves qui ont pris part à l'affaire,
cent soixante ont été touchés ; beaucoup de blessures ont
été faites par le boulet et la mitraille. Quant à moi, bien
que j'aie passé deux heures sous une pluie de plomb et de
fer, j'ai eu le bonheur de n'être pas blessé; aussi mes
zouaves m'ont-ils dit plusieurs fois que j'étais protégé de
Dieu, D Une autre lettre du colonel Cler donne de plus
longs détails, qui justifient cette lettre du Maréchal de
Saint-Arnaud au Maréchal Vaillant, ministre de la guerre :
« Le général Canrobert a été superbe et sa division au-
dessus de tout éloge. Bourbaki est un Bayard. Il était magni-
fique à la tête de ses zouaves. Le colonel Cler ne lui cède
en rien. Quels officiers ! Quels soldats ! Et que je me sens
fier de les commander ! »

   « Vous savez, écrit le 19 octobre le général Bosquet,
avec beaucoup d'humour et de bon sens, vous savez que
l'armée ennemie a fait sa retraite (de l'Aima) sur Baktchi-
Seraï et Sébastopol, en désordre moral complet, pour ne
plus reparaître, nous laissant marcher et tourner à l'est
jusqu'à Balaklava et le cap Chersonèse. Vous savez que
M. le Maréchal, épuisé, a quitté le commandement, le 28,
pour le remettre dans les vaillantes mains de Canrobert
(qui est guéri) et que ce pauvre Maréchal, si heureux en
toutes choses, n'a pu vivre que quelques heures et s'est
éteint le 29 en mer, avec la conviction que nous allions
entrer à Sébastopol presque sans frapper à la porte. Mais ce
que vous ignorez, c'est que nous sommes devant Sébastopol
et non dedans. N'est-ce donc rien qu'une pareille place de

   N° 4. — Octobre 1S9S.                                 15