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164                 LE CURÉ DE DORNHEIM

« Dieu veuille, dit le curé, nous envoyer encore un homme
pieux comme le commandant d'Erfurt. »
   Les violences attiraient souvent des représailles. Malheur
aux soldats ivres que rencontraient les paysans : ils étaient
massacrés sans pitié. En 1629, un soldat se rendait d'Arnstadt
à son quartier sur un cheval qu'il avait volé. Un jeune bour-
geois de la petite ville de Plaue se mit à sa poursuite avec
deux compagnons, le rejoignit, lui. tira des coups de pistolet,
le désarçonna et revint avec le cheval. Le Croate avait été
en partie protégé contre les balles par des thalers cousus
dans ses habits ; il n'en mourut pas moins devant le village
de Dornheim, après avoir reçu du curé les dernières conso-
lations. Sa mort fut vengée cruellement : le meurtrier fut
roué à Arnstadt.
   Les soldats étaient aussi quelquefois victimes de leur
avidité. Un détachement de Suédois avait été autorisé à
entrer la nuit dans le bourg de Dornheim. Ils burent dans
un beau calice qu'ils avaient enlevé dans une église et,
croyant manger du sucre, avalèrent du poison pour les rats.
Deux d'entre eux en moururent.
   Les chefs eux-mêmes n'étaient pas respectés par leurs
soldats. En 1640, un colonel suédois, bien pourvu d'argent,
accompagné de douze cavaliers, arrivait dans le comté de
Schwartzbourg pour y recruter un régiment de fantassins.
Il fut volé et tué par son escorte, et son corps, abandonné,
fut dévoré par les corbeaux.

   Un mousquetaire du comte de Schwartzbourg était
continuellement de garde dans latourdu château d'Arnstadt.
Dès qu'il apercevait l'ennemi, il donnait l'alarme, et les
paysans des environs se réfugiaient dans la ville. De nom-
breux mendiants, venus, pour la plupart, de la Franconie,