page suivante »
366 LE COLONEL COMBES Le colonel Lamoricière commandait donc la première colonne et le colonel Combes la deuxième. Cette dernière marchant à l'assaut rencontrait bientôt une barricade der- rière laquelle s'abritaient les Kabyles. Les soldats du 47 e hésitent d'abord mais, sous l'impulsion de leur chef, bravent le feu d'enfer dirigé contre eux et enlèvent l'obstacle à la baïonnette. Le colonel Combes, blessé d'abord à la figure, est frappé de deux balles dans la poitrine. Ses hommes s'empressent autour de lui ; le colonel lisant dans leurs yeux la conster- nation qui les épouvante, les rassure doucement : « Ce n'est rien, leur dit-il, je vais me faire soigner et serai bientôt à votre tète. » Voici d'ailleurs la description que fait de cet exploit l'académicien Camille Rousset : « Le colonel Combes fait reprendre l'attaque par la rue du Marché. L'explosion a renversé la porte : au delà s'élève une barricade dissimulée dans l'ombre sous les nattes de roseaux qui sont suspendues à travers la rue d'une maison à l'autre. « La barricade est emportée : mais le colonel est atteint de deux coups de feu; après avoir donné ses ordres pour attaquer un second obstacle qu'on entrevoit plus loin, seul, sans permettre qu'on l'accompagne, il refait lentement le chemin qu'il vient de parcourir depuis la batterie de brèche, et debout, l'épée haute, il met le général en chef et le prince au courant des péripéties du combat; puis il ajoute : « Ceux qui ne sont pas blessés mortellement pourront se réjouir d'un aussi beau succès; pour moi, je suis heureux d'avoir encore pu faire quelque chose pour le roi et pour la France. — Mais vefts, colonel, s'écrie le duc de Nemours, vous êtes donc blessé? — Non, Monseigneur, je suis mort, »