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DE NOTRE HISTOIRE MILITAIRE 29! militaire-est presque nulle; on sait à peine marcher, et, en voyant comme certains chefs agissent, on ne peut pas même leur accorder le talent de guérillos. On part du bivouac sans savoir ce que l'on doit faire; chaque chef de corps, en cas d'attaque, peut agir comme bon lui semble ; car le géné- ral et les chefs de colonne se tiennent à la tête et s'occupent peu de ce qui se passe derrière eux. Que l'arrière-garde-soit attaquée au moment où elle quitte le bivouac, le comman- dement et la responsabilité appartiennent alors à un chef de bataillon, quelquefois même à un simple capitaine. Ce cas s'est présenté plusieurs fois dans nos razzias. La manière d'opérer une retraite dans les montagnes et en terrain acci- denté doit être presque toujours la même, dans un pays où les habitants ne changent jamais leur manière de combattre. J'ai vu des officiers supérieurs, ayant dix ans d'Afrique, agir en novices et faire tuer ou blesser des hommes là où, avec la moindre prudence, on pouvait éviter le combat et faire ensuite une retraite sans danger. « Quelquefois, ce sont les célébrités de l'armée, qui, bénévolement, cherchent à faire blesser des hommes, pour avoir l'occasion de faire de pompeux bulletins avec quelques misérables tirailleurs d'arrière-garde. L'exagération, je dirai plus, le mensonge sont à l'ordre du jour; chacun cherche à se faire passer pour un grand vainqueur, et on dirait que le but de la guerre n'est pas de forcer les Arabes à demander la paix, mais bien de faire gagner à quelques protégés des croix et de nouveaux grades. Dans les bivouacs, chaque corps se garde comme il veut: les uns avec des grand'- gardes, d'autres avec des petits postes, d'autres enfin avec quelques factionnaires placés devant les faisceaux : aussi, bien souvent, les rôdeurs arabes enlèvent les armes et les chevaux à la barbe des sentinelles, qui peuvent dormir en