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10                   UN PORTRAIT INEDIT

   La cité du ciel est entourée de murailles et de hautes
tours. Devant la porte, toute large ouverte, groupés deux à
deux, des personnages représentant les vertus se disposent
à entrer dans le séjour des élus. A gauche, la Sobriété, la
Patience et la Charité. La Charité, sous les traits d'une
femme élégamment vêtue, montre de la main droite à son
compagnon, habillé d'une longue robe à capuchon, la porte
sous laquelle ils vont passer. La Patience, très modestement
vêtue, tient par la main un artisan qui paraît aveugle. Vient
ensuite la Sobriété, très simple d'atours, montrant égale-
ment la porte à son compagnon, aussi vêtu d'une longue
robe. En face, à droite, la Miséricorde conduit un pénitent;
la Chasteté, sous la figure d'une religieuse, converse
avec un moine. Ce petit groupe est plein de grâce et
de noblesse. La religieuse est vêtue d'une robe blanche,
drapée avec un goût charmant. Son visage est doux et
suave, son maintien, d'une pudicité exquise. D'un geste
confiant, elle indique l'entrée du ciel à un moine d'un âge
mûr, à la figure intelligente et expressive. La Diligence
s'entretient avec un grave personnage, docteur ou savant.
   Au dessous de la cité du ciel, est la cité du monde : dans
le fond, les murailles d'une ville, au premier plan un riant
jardin parsemé de pavillons, de tourelles, de petits édicules
d'une admirable architecture. C'est le gothique avec la
pureté du treizième siècle, mais où commence à se faire
sentir, très sobrement, les fioritures du quinzième. Là,
dans ce jardin séduisant, les vertus et les vices se coudoient.
Assis devant un comptoir, deux marchands ou changeurs
comptent des pièces d'argent ; tout auprès, un riche bour-
geois-fait l'aumône à un malheureux, un peu plus loin une
femme lave les pieds à un pèlerin. Un soudard perce de
son épée un jeune escholier; une fileuse et un laboureur