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128                  VINGT-SEPT ANNÉES

au-dessous de la réalité. Aucun des passages les plus difficiles
qu'offre la nature dans les pays les plus accidentés ne peut
être comparé à celui-ci. Nous avons tous été d'accofd sur
ce point que cent hommes empêcheraient une armée de
passer, seulement avec des pierres. Il a fallu le secret absolu
qu'a gardé le Maréchal et une réunion incroyable de cir-
constances heureuses pour que nous ayons réussi. Quatre
heures de pluie seulement, et nous périssions peut-être tous
dans le lit de l'Oued-Biben, qui forme le défilé, en passant
sous une voûte de rochers, dont la largeur ne nous a permis
de passer qu'homme par homme.

   « Le 3 i octobre, le régiment (2 e léger) forme l'arrière-
garde en longeant la vallée de Tisser. Les Ouled-Akham et
les Beni-Kalfoun, excités par la cavalerie de Ben-Salem, bey
de Sebaoû, nous ont vivement poursuivis, et., enfants gâtés
que nous sommes, il a fallu que cette expédition nous valût
encore des titres de gloire. Nos soldats se sont conduits
avec un calme et un aplomb qui ont émerveillé le Prince,
lequel a payé de sa personne et s'est exposé comme le
dernier soldat. Le régiment combattait comme s'il eût été à
l'exercice, et avec tellement de sagacité et de connaissance
de la guerre de tirailleurs que, malgré un engagement fort
vif pendant cinq ou six heures, nous n'avons eu que très
peu de blessés.            •
   « J'ai eu le bonheur de rester au feu pendant cinq heures,
et ma compagnie a été remarquée. J'ai tué plusieurs Arabes
à bout portant et leur ai enlevé quatre chevaux ou mules
fort belles...
   « Le colonel Changarnier s'est montré ce qu'il est tou-
jours, excellent officier et brave soldat; il a eu son cheval
blessé...