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298 VINGT-SEPT ANNÉES foule de témoignages bien propres -à confirmer ce que l'on savait déjà de flatteur sur « nos Africains » et sur les hommes de guerre du second Empire, qui ont grandi avec eux et après eux. Ainsi, rien de plus touchant que le concert d'éloges et de regrets qui accueille en 1842 la mort tragique du duc d'Orléans : « Ma lettre était terminée, mon général, écrit le le 22 juillet le lieutenant-colonel Walsin d'Esterhazy, lors- qu'un courrier extraordinaire, arrivé ce soir, nous apporte la triste.et douloureuse nouvelle de la mort de S. A. II. Monseigneur le duc d'Orléans. Tout le monde est dans la consternation. » Le commandant Forey, d'ordinaire un peu rude, s'excuse auprès de Castellane de ne lui avoir pas écrit plus tôt « au sujet de la récente catastrophe qui a plongé la France et l'armée en particulier dans une immense dou- leur. Que vous dirai-je, mon général, de la mienne? Je ne puis que pleurer ! Je suis sans voix pour exprimer .tout ce. que je ressens. Le Prince Royal, oubliant la haute région dans laquelle il était né, s'était montré à moi si plein d'abandon, si rempli d'ineffable bonté , que je m'étais pris à l'aimer, non pas comme un Prince, mais comme un ami ; et quand la nouvelle de sa mort est venue me frapper, la perte de tous ceux que j'aime le plus au monde ne m'eût pas autant terrifié, je ne m'étais jamais imaginé que la mort pût aller choisir un prince si jeune, si beau, si parfait, qui devait assurer le bonheur de la France et marcher à de hautes destinées, appuyé sur cette jeune armée qui l'ado- rait. J'avais en lui un protecteur bien puissant, et j'étais en droit d'aspirer à tout, avec l'opinion trop favorable qu'il avait conçue de moi, qui, du moins, remplace ce qui me manque par un amour sans bornes de mon métier. Eh